Pourquoi une approche communautaire de la santé ?

La base principale sur laquelle repose l’idée de santé communautaire développée par l’AFRESC renvoie à l’anthropologie du don initiée par Marcel MAUSS.

En effet, agir sur la santé suppose que chacun en fasse le projet pour lui-même et pour le groupe. L’OMS, dans sa charte de la promotion de la santé de 1986 (Charte d’Ottawa) indique que la promotion de la santé réside dans des actions visant à renforcer le contrôle que les gens ont sur leur propre santé. Cela implique d’une manière ou d’une autre leur présence active à l’intérieur de dispositifs et projets existant pour la santé, et cela exige également que les dispositifs et institutions soient ouverts et à l’écoute des initiatives, pratiques et projets des gens. Les textes résument ces exigences sous le terme de participation. Mais qu’est-ce que la participation, et quelles en sont les contraintes ?

D’une part, la participation est une remise en question des pouvoirs des professionnels et des relations qu’ils entretiennent avec leur public. Développer la participation, c’est en quelque sorte ne plus avoir de public afin de construire collectivement le projet de santé. Autrement dit, l’idée de participation remet en question l’un des fondements de la santé publique qui est justement d’avoir le public comme cible au nom de la collectivité. La participation replace la question de la santé comme une question politique et citoyenne dont les gens pourraient librement débattre dans une perspective de coopération équitable.

D’autre part, la participation exige que chacun ait une vraie place dans les groupes et dispositifs, d’avoir la possibilité d’être reconnu pour ce qu’il apporte dans la construction collective. Autrement dit, participer veut dire pouvoir donner et non pas être dans la situation univoque de recevoir (la classique demande des méthodologies de projet et du management). C’est par ces liens qui se constituent dans la réciprocité que la participation prend son sens et devient possible.

Plusieurs points sont fondamentaux :

 La première ressource pour la santé, c’est d’abord les gens eux-mêmes.

 Les pratiques ne peuvent plus se cantonner à la lutte plus ou moins victorieuse contre les maladies. Il faut donc

oRéorienter les services de santé vers autre chose que le curatif : écoute et éducation du public, réseaux d’aide et de soutien, information et possibilité d’accès illimité à une information libre et contrôlable.

oDécentrer l’accès à la santé de l’hôpital ou de la médecine qui ne peuvent plus être les seuls dépositaires de l’accès à la santé.

 Faire en sorte que les décisions prises par les politiques publiques soient favorables à la santé.

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