PARTENARIAT PARENT-PROFESSIONNEL ET PROJET SOCIAL. Didier FAVRE

 

Pour une réflexion et des repères à propos du « partenariat » parent professionnel

 

PARTENARIAT PARENT-PROFESSIONNEL ET PROJET SOCIAL

Préambule : Les relations « enfant – parent – professionnel »

Dans le panorama des modes de garde en France, les « établissements à gestion parentale » ont depuis 30 ans profondément changé la donne des relations entre parents et professionnels autour de l’enfant. Le modèle social que nous avons tous connu jusqu’à aujourd’hui est duel (l’enfant ne rencontre qu’un seul interlocuteur à la fois, un professionnel ou  son parent : les espaces familiaux et sociaux sont distincts) ; le modèle que met en œuvre ces structures est de nature ternaire (l’enfant rencontre un professionnel et son parent dans un espace social qui donne une place à la famille en tant que telle : il y a une triangulation entre parent, enfant et professionnel – au service de l’enfant. Dans cette configuration, chacun est amené à négocier sa place et ajuster son rôle en vue du mieux-être de l’enfant.

Ce préambule n’est pas de pure forme, car de nombreuses incidences découlent de cette situation et notamment sa dimension pédagogique (accord sur les valeurs pour l’intervention éducative) et son impact sur la relation employeur-salarié, souvent sur-investie (conflits potentiels, charge affective trop forte) ou sous-investie / déniée (priorité au niveau pédagogique, dissimulation de la tension employeur-salarié).

Dans tous les cas la méconnaissance de ces deux dimensions (rapport salarial et rapport pédagogique) ont une profonde incidence sur la qualité de la vie associative et la qualité du quotidien proposé aux enfants.

Il ne faut en aucun cas perdre de vue que ce qui réunit ici les adultes autour des enfants est une préoccupation de garde et d’éducation collective : tous les éléments de connaissance de ce contexte particulier ont une incidence déterminante sur le quotidien. Ce sont les relations entre adultes qui structurent la vie quotidienne et sa qualité pour les enfants.

La participation parentale : La question de la gestion de ces structures par les usagers eux-mêmes, au delà des motivations politiques et éducatives fondatrices ou d’une quelconque rationalité gestionnaire « du moindre coût », recouvre la situation particulière de la participation des parents à la fonction éducative, d’éveil de soin et de garde, tant de leurs propres enfants que de ceux des autres.

Cette participation du parent à la prise en charge collective de l’éducation du jeune enfant avec des professionnels salariés et diplômés transforme la relation duelle parent enfant ou professionnel enfant dans une relation triangulaire inhabituelle, à la fois intime et sociale.

Qu’entend-on par coopération, collaboration, partenariat, participation, implication ?

Que recouvrent ces différents termes ?

Tous ces termes sont employés « indifféremment » pour cerner cette situation mais pas forcément sans raison. On peut supposer (il faudrait approfondir) que ceci prend un sens dans le projet de la structure d’accueil.

Pour donner quelques points de repères, à partir de la présence des parents au quotidien dans l’accueil et l’éducation des enfants : il faut signaler l’implication générée par la participation (ou inversement).

Les termes partenariat, collaboration et coopération qualifient ce fait de participation.

1. Le partenariat  : il fait référence à une contractualisation entre des partenaires forcément égaux et qui choisissent de travailler ensemble. Si le terme met en avant la réalisation commune d’un projet (c’est bien sûr l’axe de définition que j’ai choisi en tant qu’ ex-professionnel) celui-ci à l’inconvénient de dissimuler les rapports employeurs-salariés et gomme le potentiel « conflictuel » d’une relation forcément inégalitaire. Il y a en effet une mission définie par l’employeur que le salarié ne peut qu’accepter ou refuser. Point de partenariat dans ce schéma là.

2. La collaboration  : elle renvoie fait référence au travail produit ensemble, il ne dit rien de la valeur attachée à l’action produite (vers les enfants), mais signalent de façon neutre un fait, des actes. Si le mot ne dit rien du statut des acteurs ni de leur « complémentarité ». Il a l’avantage d’une plus grande ouverture la collaboration pouvant s’exprimer à différents niveaux sans forcément induire de recouvrement de taches (par exemple autour des missions éducatives confiées au professionnel).

3. La coopération  : elle signifie une situation mieux connue, celui du système coopératif qui signifie bien l’attachement à un intérêt commun et dessine une finalité commune. Elle sous entend un partage des ressources, des outils et des compétences de chacun et un esprit de « bonne volonté ».

En conclusion, chaque structure d’accueil, au regard de sa fondation, de son histoire, de son projet et de ses aléas aura à cœur d’employer le terme qui lui correspond le mieux et peut être souhaitera enrichir les quelques mots utilisés ici pour tenter d’en rendre compte.

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