THEME et texte de lancement du séminaire

THEME

La liberté de penser, droit inaliénable selon Fichte, est une longue conquête humaine.

Ce groupe de recherche prend acte de l’insuffisance des approches sociologiques traditionnelles des organisations pour débloquer concrètement ce que Hannah Arendt à très justement dénoncé. L’Afresc, pour sa part, propose l’approche anti-utilitariste du MAUSS pour dépasser ces insuffisances, approche que nous utilisons dans tous nos projets depuis sa création.

I – Origine de l’AFRESC :

Historiquement 2 tendances sous-tendent la santé publique :
- Une tendance individualiste qui renvoie les causes de sa maladie à la seule personne et qui s’est incarnée dans la médecine moderne.
- Une approche holiste et conséquentialiste qui s’intéresse aux populations, et de manière utilitariste, à la seule efficacité pour le plus grand nombre. La santé publique est l’avatar moderne du positivisme logique (Auguste Comte) de l’idée que l’individu est surdéterminé par des facteurs sociaux, et donc non libre.

L’AFRESC cherche à promouvoir une voie alternative pour résoudre la tension entre approche individuelle et holisme que nous nommons « approche communautaire », et dont les fondements théoriques sont développés en référence à l’œuvre et la pensée de Marcel Mauss par le mouvement du M.A.U.S.S. (mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales ; Revue du MAUSS ; http://www.revuedumauss.com).

De ces principes, l’AFRESC en a fait une pratique coopérative étendue aux pratiques institutionnelles, sociales et éducatives. Cette voie alternative a pour objet de repositionner les gens dans leurs relations avec les institutions dans une approche communautaire : par exemple le développement social local, les ateliers santé ville, les diagnostics en vue d’élaborer des projet service, besoins petite enfance ou schémas départementaux, formation action, évaluations, etc.

Toutes ces expériences nous ont enseigné 2 choses : o En France on ne peut agir que si on agit en même temps avec l’institution et la population (et non en cherchant à échapper à l’institution) ; o De ce fait, si on veut agir, il faut que l’institution se mette à « penser ce qu’elle fait », et non à se reproduire, à penser les problèmes des gens en fonction d’elle même.

L’AFRESC est donc confrontée à cette difficulté singulière : le fonctionnement des institutions bloque la pensée, engendrant un mode de pensée en boucle que l’éventuelle intervention externe peine à résoudre. D’où notre question aujourd’hui :

Comment introduire de la pensée dans l’institution sans être acculé à la dissidence ?

La liberté de penser est-elle soluble dans l’institution ? Dans le secteur social, médico-social et en général dans la plupart des institutions, la tendance générale semble être la suivante : l’organisation se resserre en interne sur ses acteurs et son propre fonctionnement (hiérarchie, règles, procédures formelles, organisation, organigramme, bilan d’activité, rationalisation budgétaire, compressions de personnel, productivité,…) plutôt que sur la finalité, le projet ou le service à rendre – étant ce qui donne pourtant sens à leur activité (la finalité est le sens de l’organisation, ou « finalité externe » pour l’Afresc).

Comme si la cohérence interne de l’institution devait toujours finir par primer sur le service à rendre…

Du côté des professionnels, prendre au mot l’institution dans ce qu’elle affirme vouloir « pour le bien des gens » au regard de ses valeurs fondatrices (éthique) est donc pour un professionnel bien intentionné et bien disposé le meilleur moyen de se mettre en difficulté face à sa hiérarchie ou sa tutelle ! Comme si pour l’institution il vaut mieux un agent en tension avec « l’usager » qu’un agent en tension avec le système qui le légitime. Le déficit démocratique des institutions et des services est en grande partie responsable du prix payé par la population ou par les bénéficiaires pour accéder aux prestations de l’organisation.

De fait les professionnels, tant du fait de leur formation que de leur expérience, tendent donc très rapidement à se conformer aux logiques internes, à rechercher la cohésion groupale et identitaire (internalisation des règles, accent sur les relations personnelles, adhésion au groupe, conformation méritocratique au regard de critères « internes » à l’organisation du service qu’à sa finalité) plutôt que de faire valoir leur autonomie de pensée et leur liberté d’action afin d’atteindre les objectifs pour lesquels l’organisation s’est engagée – et ceux auxquels eux-mêmes croient de bonne foi.

La question posée devient la suivante : penser dans l’institution, est-ce prendre le risque de marquer une différence et obliger les autres à prendre position ? Est ce l’institution qui doit « penser en nous » ou bien à nous « de penser l’institution » ou encore de « faire penser l’institution » (ce qu’elle ne peut faire « seule », en fait, puisqu’elle n’est qu’une projection / extension de nous-mêmes) ? N’avons-nous pas enfin, l’organisation que nous méritons ?

II – Proposition pour l’Assemblée Générale :

1. Une nouvelle orientation pour l’Assemblée Générale du samedi 6 octobre 2007 : fonder un groupe de recherche permanent sur le thème : « liberté de penser et Institution : Comment penser dans nos organisations ? »

Ce groupe de recherche prend acte de l’insuffisance des approches sociologiques traditionnelles des organisations pour débloquer concrètement ce que Hannah Arendt à très justement dénoncé. L’Afresc, pour sa part, propose l’approche anti-utilitariste du MAUSS pour dépasser ces insuffisances, approche que nous utilisons dans tous nos projets depuis sa création.

2. Organisation du groupe de recherche

Au cours de l’Assemblée Générale du samedi 6 octobre, nous tenterons ensemble :
-  D’approfondir les modalités pratiques et les problématiques de ce groupe de recherche ;
-  D’organiser une rencontre régulière 4 fois par an en une assemblée permanente des adhérents ;
-  De mettre en place un Forum des adhérents sur notre nouveau site web (été 2007) En effet le temps de l’Assemblée Générale n’est pas pour nous une fin en soi ou une simple formalité associative ; cette année le Bureau et l’équipe de l’AFRESC souhaite aller plus loin et nous voulons que cette année marque le début d’un nouveau mode de collaboration et de recherche avec notre Conseil d’Administration, nos membres et les sympathisants ou partenaires. Aussi, au delà de nos adhérents et sympathisants nous avons directement invité des amis, des collègues ou encore des partenaires afin de fonder un réseau susceptible de se lancer dans cette dynamique de recherche.

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