3 textes de réflexion sur l’évaluation publiés sur le blog l’âge la vie du Monde

L’évaluation est pervertie par les démarches de contrôle, de qualité, d’accréditation, et d’autorisation.

Avec une longue expérience, l’AFRESC a réfléchi à des méthodes d’évaluation participatives, permettant une réflexion sur les pratiques, les organisations qui concourent à ces pratiques. Ces démarches nécessitent de penser la confrontation entre les points de vue des acteurs, en insistant sur leurs constructions plurielles : conceptions personnelles, professionnelles et institutionnelles.

Cette organisation de la confrontation des points de vue permet de faire émerger une certaine "réalité", non enfouie sous les tensions organisationnelles, institutionnelles et des tutelles.

A cette condition - la possibilité d’un espace-temps permettant à chacun de prendre part, de contribuer, d’exprimer ses problèmes - l’évaluation peut prendre sens.

Plus récemment, à l’occasion d’une confrontation avec le secteur de l’industrie aéronautique, nous nous sommes aperçus que certaines démarches avaient des points communs avec la nôtre : dans l’aéronautique, la plupart des incidents ou accidents sont liés à ce qu’ils appellent "le facteur humain", c’est à dire une erreur humaine. Tant que les humains n’auront pas été remplacés par des machines (malheureusement cela pourrait arriver), ce facteur humain persistera. Comment le minimiser ? En adoptant des procédures d’évaluation qui permettent concrètement l’amélioration, et qui évitent toute sanction. Le "système de gestion des risques" est un tel espace-temps, organisé, coordonné, permanent.

Parallèlement à cet échange, l’AFRESC avait demandé son accréditation comme "évaluateur externe ANESM". Ce ne fut pas une bonne expérience. Les entreprises privées se sont ruées sur cette aubaine, et cela a conduit à une confusion entre évaluation et certification type AFNOR, entre la conformité et la pertinence. Nous étions d’emblée, lors des premières réunions à l’ANESM, stigmatisés comme des "casseurs de marché". J’ai pu ensuite voir à quel point cette confusion créait des ersatz d’évaluation (où l’examen des pratiques, loin d’être le résultat d’une observation et d’une analyse, sont du pur déclaratif de quelques personnes choisies par les "champions organisationnels" que sont les directeurs de soins ou de qualité). Non seulement, les pratiques n’étaient pas examinées, mais les agents étaient pistés au travers de véritables violations du secret professionnel. Ainsi, on allait regarder si tel ou tel soin avait été réalisé auprès de telle ou telle personne, via les outils de transmissions, mais jamais la manière dont ce soin était réalisé, et encore moins la nécessité de le réaliser.

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