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Evaluation de la maison Robinson, association Intermedes de Longjumeau ; Michel BASS ; Sébastien LODEIRO
Pour l’AFRESC, évaluer c’est offrir un espace-temps, en rupture avec la pratique du quotidien, consacré à la réflexion sur les choix, les pratiques avec toutes les parties concernées afin de tenter de comprendre le sens qui fonde l’action. L’évaluation n’est jamais neutre (même le choix des indicateurs des évaluations technocratiques traduit les choix idéologiques, les valeurs, les méthodes des évaluateurs) ; l’AFRESC propose donc toujours de partager les fondements théoriques et méthodologiques présidant à ses choix.
Cette évaluation concerne la maison Robinson, d’accueil et d’accompagnement des enfants de la rue gérée par l’association Intermèdes. En réalité, c’est une analyse des pratiques de l’institution. La demande de cette association est de mieux comprendre ses pratiques et si nécessaire de les modifier afin de les améliorer.
L’évaluation de la Maison Robinson s’est appuyée sur 3 démarches simultanées : d’abord des rencontres avec les principaux acteurs, individuellement (23 entretiens), et collectivement (participation à des réunions et des activités de l’association). Puis, une analyse des documents existants concernant l’histoire, la démarche, les références et les activités. Et enfin, une démarche de réflexion collective (membres du réseau : bénévoles, professionnels, parents, enfants) à partir de l’analyse faite par l’AFRESC dans une méthodologie de recherche-action coopérative.
L’évaluation que nous avons réalisée est donc un travail d’intervenants extérieurs, non impliqués dans les enjeux locaux, tant des commanditaires que des partenaires financiers, mais réalisé en coopération avec les acteurs.
Le démarrage de notre étude en novembre 2001 a permis de préciser les attentes des acteurs de la Maison Robinson, entre les principes et les propositions de l’AFRESC, et les attentes et besoins de la Maison Robinson, dans le cadre de la " démarche générative " que nous proposons.
L’évaluateur externe n’impose ni sa méthode ni ses conceptions de l’action, mais propose ses méthodes et conceptions comme analyseurs dans une démarche collective (ce que nous appelons à l’AFRESC une démarche de polarisation, car si les acteurs sont polarisés, le courant passe, l’énergie circule…).
L’AFRESC propose ici une approche des réseaux basée sur la sociologie du M.A.U.S.S et donc d’une socio-anthropologie du don, anti-utilitariste. En particulier, il s’agit d’analyser finement, dans un fonctionnement associatif, ce qui relève du lien primaire, de la sociabilité, de la réciprocité " médiate ", et du sens et des effets que cela produit sur les acteurs, à commencer par les enfants : être pris dans un système de liberté-contrainte de l’échange, facteur de lien social, produit de la société, du lien, de l’intégration. Notre approche théorique et notre expérience nous permettent ce type d’analyse qui, à notre avis est novateur dans le champ de l’évaluation et nous a semblé particulièrement approprié à la démarche de quartier de la Maison Robinson.
Pour connaître et comprendre la Maison Robinson, il faut y passer du temps, s’immerger, comme un ethnologue s’immerge dans son " terrain ". En effet, les apparences ne laissent pas présager le travail en profondeur réalisé par la Maison Robinson dans le quartier, avec les familles, les enfants et les parents. Les familles ont trouvé en ce lieu une écoute, et des gens ayant une réelle volonté de s’investir afin d’accompagner les gens en situation difficile. Car les enfants qui sont fidèles à la Maison Robinson sont essentiellement des enfants en difficulté : en difficulté scolaire, issus de famille nombreuse, confrontés à des difficultés d’insertion d’adolescents plus âgés ; isolés avec un parent seul connaissant une situation de chômage, de dépendance chez un tiers, ou des problèmes de santé invalidants, issus de milieux culturellement et économiquement très défavorisés.
Par cette rencontre, ce passage dans l’histoire personnelle des familles laisse une marque indélébile et donne une grande force à la relation qui lie ces parents à la Maison Robinson. D’autant plus qu’il n’y a pas de suspicion de contrôle social. La confiance, dont nous ont fait part les personnes interrogées, est née du rôle que la Maison Robinson a joué dans leur histoire personnelle. Grâce à cette écoute et à cette relation privilégiées les parents ne vivent pas non plus les " éducateurs " comme des concurrents éducatifs mais comme des soutiens. Ce qui compte avant tout, c’est cette pédagogie du projet, cette approche mettant les enfants en recherche pour eux-mêmes.
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